mardi 11 janvier 2011

Chapitre 22: Souffle de coeur

Pour être juste, il a toujours été honnête envers moi. Mais je doute qu’il ne l’ait jamais été envers lui-même. La lucidité n’était pas son fort et sa droiture n’avait ni l'élégance ni la flexibilité du roseau. Elle était rigide, raide même. Quand il me passait au tamis de ses attentes, j’en ressortais poussières et cendres. L’amour me rend friable. D’être au contact avec l’être aimé me pulvérise et me dilue. Peut être est-ce la quête d’harmonie qui me liquéfie au point de noyer toute arrête et tout angle qui pourraient nous ébrécher l’un ou l’autre. Le problème, c’est sans doute que je me liquéfie de façon incontrôlée et qu’il m’est impossible de prévoir quelle acte ou quelle pensée me solidifiera arrêtant l’image à jamais d’un imbrication boîteuse à laquelle il me faut mettre fin pour retrouver quelque maléabilité. A force de trop de souplesse, je m’élime et m’étiole. De ne pas savoir mieux protéger mon être m’a fait te perdre, j’en suis convaincue et tellement bouleversée. Les bleux que j’en ai à l’âme n’en guériront jamais.


Le soleil vient encore lécher ma peau dans sa robe d’automne. Il est des saisons qui vous habillent l’âme de fatigues et de sensiblerie. L’automne devrait ressembler plus à un chocolat chaud avec ses couleurs chaudes et pourtant si froides. Mais les brouillards matinaux n’ont pas l’arôme ni la douceur du cacao. Tout ce dont il aurait fallu te protéger, parfois je sombre à cette idée et me sens coupable d’être ta non-mère et me demande si j’aurais jamais su être assez bonne pour toi. Je ne te parle pas de générosité de cœur mais de cette aptitude à t’aider et te protéger. T’aider à grandir et t’épanouir dans cette vie. Ce que je sais si mal faire pour ce qui me concerne.


Il y a des mots qui vous envolent, qu’ils soient dits ou écrits. Ils vous télescopent au creux du cœur et vous laissent le souffle court, si frêle et si doucement fort. Que j’aime le temps quand dans sa langueur il se fait allié.


Marie je te quitte comme j’ai quitté Sainte-Anne. Je n’ai rien pour te retenir que les souvenirs qui s’amoncellent si longuement, tant qu’ils occupent plus d’espace-temps que la réalité de l’immédiateté. Je ne mettrai un point ni à toi, ni à Sainte-anne, je vous porte en moi mes anges blessés, à chaque courbure de vie, riche de vous à jamais. Planez, volez, virevoltez, mon souffle du cœur vous porte.

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